Les Aurevoirs.
Il y a toujours un aurevoir. Parfois pour un court moment, jusqu'au lendemain, parfois pour quelques mois, quelques années, avant de croiser à nouveau la route de certaines personnes. Et puis il y a les aurevoirs pour toujours.
C'est la fin de l'année. Je dis déjà aurevoir à certains troisièmes, que je ne suis pas sûre de revoir avant les épreuves du brevet, voire même pas du tout. Certains d'entre eux viennent encore: ça, c'est les aurevoirs qui me tardent. Ne pas les revoir, leur souhaiter bon vent peu importe où le vent les mène ( ou pas, our certains!).
C'est aussi le moment où on commence à se dire que Untel a eu sa mut', qu'on ne le reverra pas l'année prochaine. Et là, on se prépare, on sait qu'il va nous manquer. Et comme c'est la période, je ne sais toujours pas si je suis mutée, je vis les moments au collège à fond, les dernière notes et appréciations tombent, les derniers moments ( peut-être!)avec certains élèves, avec certains collègues, sur certains projets... Et ça n'a pas un goût amer: juste un peu triste au fond, mais on s'y fait.
Ma collègue va me manquer. C'est devenu une copine. On a eu des fous-rires, des soirées, des conversations de filles à propos des mecs, du biatchage sur la stagiaire pas aidée, sur certains collègues ravagés, ...
Elle me manquera mais on a passé une bonne année. " Peu importe le chemin du moment qu'on passe la porte" avais-je dit à ma soeur à propos du concours d'orthophoniste... Bien mal avisée étais-je! Car je m'en rends compte, vieillesse ( et sagesse???!!) oblige(nt): peu importe où l'on va, du moment qu'on se sent bien avec ceux qui nous entourent, dans ce que l'ont fait, dans le vrai.
Oui, je crois encore les doigs pour être mutée dans une zone moche mais culturellement plus riche que ce trou à rats, oui je serai hyper déçue de ne pas quitter cet endroit que je déplore, mais j'aurais appris plein de choses, notamment, je l'espère à dire aurevoir correctement. Plus comme une voleuse, honteuse.
Et puis il y a l'aurevoir que j'ai dit hier soir à mon amoureux. On fait un break, une semaine: je ne le sens plus quand on est ensemble. Je lui fais payer par téléphone quand on est éloignés, ce qui est tout le temps, disons-le clairement. Et ma voix a tremblé lorsque je lui ai dit aurevoir. Emotionnellement, c'était dur. Mais après, je me suis sentie vide et légère. Je me prends trop la tête ( oui, je sais, un air de déjà-vu!! personne n'est parfait, je travaill sur moi au fur et à mesure).
Mais lui a peur aussi: l'agreg, les révisions, le temps passé dans les bouquins, le fait que ça n'aille pas entre nous...
Alors, là, cet aurevoir, je ne sais pas encore s'il est permanent. Tout ce que je sais, c'est que ça fait 24h qu'on ne s'est pas parlé, pas envoyé de texto, de mail, rien: il me manque. J'ai pensé à ce que je lui dirai à certains moments de ma journée... " Oh, S a encore fait une crise aujourd'hui. Ce coup-ci, c'est sa mutation. Du coup elle veut soit démissionner soit se pacser soit..." et j'imagine ce qu'il aurait répondu..." oh lala, mais elle est folle, elle fait n'importe quoi, elle va faire quoi? Pis elle croit qu'elle ...".
Pour l'instant il me manque. Je veux savoir à la fin de cette semaine s'il m'aime encore, si je lui ai manqué, et s'il est plus heureux sans moi. Parce qu'au fond, s'il est plus heureux sans moi, je le laisserai partir... Parce que je l'aime et que je préfère qu'il soit heureux, qu'il avance sans moi... J'ai toujours eu l'impression d'être un boulet pour les autres personnes ( pb de confiance en moi, de mon image, de poids, de représentation, d'orgueil, bref compliqué!).
Un aurevoir...